La rupture du compromis et la fin de l’illusion monétaire entre l’Allemagne et les autres pays européens

Selon l’économiste Sapir – certes parfois vu comme sulfureux et hétérodoxe -, mais aussi selon Martin Wolff, éditorialiste du Financial Times et observateur de la finance internationale on ne peut plus orthodoxe et sérieux (il construit ses livres “the shift and the shock” avec beaucoup d’intelligence et d’académisme) :

La monnaie unique a davantage été conçue par et pour l’Allemagne que par et pour les autres pays européens, y compris la France. L’idée principale était de fonder l’euro sur une politique monétaire unique – c’est à dire basé sur un objectif unique, la stabilité des prix, à contrario de la FED américaine par exemple qui vise également la croissance – EN ECHANGE d’une réduction des SPREADS entre les Etats européens membres de la zone euro, c’est à dire en échange d’une réduction des taux obligataires, et à un rapprochement de ceux-ci avec les taux allemands. Avec la crise des liquidités associée à la faillite de banques américaines, les spreads divergèrent.

Ce qui s’est passé dans le cadre de la crise grecque, c’est en fait la compréhension par les marchés de l’inanité de l’artifice intellectuel. Proposer à l’Etat grec d’emprunter à un taux proche des taux allemands n’a de sens que si l’Etat emprunteur est maître de la politique monétaire de la monnaie dans laquelle il s’endette. Et la moindre des constatations est de comprendre que la Grèce a bien peu de poids auprès de la BCE, puisqu’elle ne représente que 2% du PIB européen.

Et Sapir d’ajouter (même si je prendrais quelques précautions quant à cette position)…

Côté allemand, l’ouverture d’un marché de débouchés importants dans la zone euro a permis de doper les exportations, et quelque part, permettre aux pays européens de s’endetter à bon prix en euros, à des taux proches des taux allemands, pour acheter des produits allemands.

Il est complexe de résumer des centaines de pages en français et en anglais en quelques lignes, mais il me semble que l’idée de base de cette argumentation est partagée tant par le sulfureux hétérodoxe Sapir, parfois considéré comme un économiste d’extrême droite, que par un respectable financier, éditorialiste d’un quotidien britannique qui fait autorité dans le monde financier mondial.

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