traduction d’un mail d’international man

Je me souviens parfaitement comment j’ai découvert « International Man » ainsi que la newsletter associée à « International Man » : je lisais l’hebdomadaire britannique « the economist », que je vous recommande et auquel je suis abonné (même si leur désagréable habitude de ne pas faire signer les articles et de ne pas donner leurs sources me donne parfois l’impression qu’ils s’expriment par argument d’autorité) et j’ai entendu parler de cette publication électronique dans un article. Je me suis alors abonné à la newsletter and depuis ce jour, je reçois toutes les semaines un mail avec un article original et parfois bizarre, décalé. Je sais maintenant pour sûr que les riches hommes d’affaires ayant affaire à plusieurs pays et législations ont tout intérêt à avoir 2 nationalités et non pas une seule nationalité, 2 passeports et non pas un seul. Particulièrement, il est intéressant de savoir que si vous avez de l’argent à investir, certains pays vont offriront la nationalité et un passeport sans même avoir à y habiter ou même vous y rendre. C’est notamment le cas de la République de Dominique (à ne pas confondre avec la République dominicaine). Avoir deux passeports permet de dépendre de plusieurs systèmes juridiques, de plusieurs protection consulaires, de plusieurs système fiscaux, d’obtenir de faibles taxes, de préparer votre entreprise à une bonne optimisation fiscale. Toutes ces questions sont traitées en profondeur par « the international man »

Voici un long article sur la dette publique des Etats Unis d’amérique que j’ai trouvé particulièrement intéressant, suffisamment pour être partagé sur mon blog.

C’est une traduction en français effectuée par moi même. Pour la version originale en anglais, merci de vous reporter au post correspondant.

Le recours trop important à l’effet de levier (faible rapport entre les fonds propres (equity) et l’ensemble du bilan),  ou surendettement,  de l’Etat fédéral, des Etats et des institutions locales des USA, de certaines entreprises, et des consommateurs, des ménages, est bien connu.

Cela a longtemps été le cas, et la plupart des personnes sont blasées par l’évocation même du sujet. Si la dette est un problème, cela semble gérable, et a été gérable depuis si longtemps que cela ne semble plus être un problème. La dette du gouvernement américain est devenu une abstraction, elle n’a pas plus de sens pour l’investisseur moyen que la prévision d’une collision entre une comète et la terre dans plusieurs siècles.

Beaucoup de commentateurs financiers croient que la dette importe peu. Nous entendons toujours des inepties telles que « nous nous devons à nous même », qui rendent le débat trivial. En fait, certaines personnes doivent à de toutes autres personnes. Il y aura d’énormes transferts de richesse en fonction de ce qu’il adviendra. Plus exactement même, depuis que les américains n’épargnent plus, cette phrase malhonnête ne peut même plus être concevable d’un plan théorique : nous devons essentiellement aux chinois et aux japonais.

Une autre énormité : « nous allons nous en sortir » C’est impossible sauf si la croissance réelle est supérieure à l’intérêt sur la dette, ce qui est tout à fait questionnable. Et, au jour d’aujourd’hui, le déficit public va vraisemblablement augmenter exponentiellement et non pas se réduire. Même avec des taux d’intérêt exceptionnellement bas..

Une manière de mettre un déficit annuel de, disons, 700 milliards de dollars, en perspective, est de le comparer avec les actions publiquement négociées aux Etats-Unis, qui valent 20 000 milliards a peu près. La dette courante du gouvernement américain de 18 000 milliards approchent rapidement la valorisation de toutes les entreprises publiques – et c’est même vrai alors que les actions connaissent actuellement un pic de valorisation lié à la bulle. Si le déficit annuel continue au rythme de 700 milliards par an – en fait il est probable que cela s’accélère – le gouvernement empruntera l’équivalent de l’ensemble des valeurs de l’actif du pays, alors que cet actif a été accumulé sur plus de 200 ans, en seulement l’équivalent de 29 années.

Vous devez garder tout ceci en tête lorsque l’on parle de la dette : cela peut être insidieux.

L’unique manière par laquelle une société (ou un individu) peut accroitre sa richesse est en produisant davantage qu’il ou elle ne consomme; la différence est considérée comme l’équivalent de l’épargne. Cela créé du capital, en permettant des investissements ou de la consommation future. L’emprunt implique de consommer davantage que l’on ne produit, c’est le processus par lequel on dépend à l’avance d’une avance sur les productions futures. L’épargne augmente le niveau de vie futur alors que la dette le réduit.

Si vous étiez sur le point d’emprunter un million de dollars aujourd’hui, vous pourriez artificiellement augmenter votre niveau de vie pour la prochaine décennie. Mais, lorsque vous aurez à rembourser cet argent, vous noterez alors un net déclin de ce même niveau de vie. Pire encore, alors que les taux d’intérêts augmentent, le déclin sera peut être même plus important que le gain initial. Si vous ne remboursez pas votre dette, votre créditeur (et potentiellement les créditeurs des créditeurs et ainsi de suite) subiront une pareille dégringolade. Jusqu’à ce que ce moment arrive, la dette peut ressembler à la clé pour la prospérité, même si c’est plus fréquemment la clé d’un désastre.

Bien entendu, la dette n’est pas en elle même quelque chose de nécessairement mauvais. Toutes les dettes ne sont pas destinées à des dépenses de consommation : elles peuvent être utilisées pour financer des biens fondamentaux, visant à produire de la richesse future. Mais la plupart de la dette américaine finance aujourd’hui la consommation (prêt hypothécaires dans l’immobilier, prêts de consommation pour l’achat d’un véhicule, prêts étudiants, et découverts et crédits bancaires entre autre.

La dette publique

Il fallu 125 ans au gouvernement américain pour accumuler – entre 1791 et 1916 – 1 milliards de dollars de dette. La première guerre mondiale augmenta la dette pour la porter à 24 milliards en 1920, la seconde guerre mondiale l’augmenta pour la porter à 270 milliards en 1946. 24 autres années furent nécessaires pour ajouter 100 milliards de dette supplémentaires, pour un total de 370 milliards en 1970. La dette tripla presque lors de la décennie suivante, avec un montant avoisinant alors les 1 000 milliards en octobre 1981. C’est seulement 4 années et demie plus tard que la dette a doublé pour atteindre 2 000 milliards en avril 1986, puis 3000 milliards en 1990, soit 1000 milliards en 4 ans. C’est alors qu’en seulement 34 mois, la dette atteignit la barre des 4 200 milliards en février 1993. Cette course exponentielle continua. La dette publique américaine représente début 2015 environ 18 000 milliards. Les prêts hors-bilan ne sont pas inclus. Ces derniers pourraient porter l’addition totale à environ 50 000 milliards.

En 1964, l’année où Lyndon Johnson fut élu – la dette fédérale représentait 316 milliards, et les intérêts sur cette dette n’étaient que de 10,7 milliards, ce qui était équivalent à 14,8% des revenus des ménages et des entreprises. Lorsque Reagan quitta la maison blanche en 1989, la dette représentait 3 200 milliards, et les intérêts étaient de 214 milliards, représentant 43% des impôts. Lorsque Bush quitta le pouvoir en 1993, la dette était de 4 200 milliards et les intérêts de 293 milliards, ce qui représentait 52% des taxes prélevées sur les ménages et les entreprises.

Lors de l’année fiscale 2013, il y avait 16 800 milliards de dette fédérale et 416 milliards en remboursement des intérêts, ce qui représentait 15% de la totalité des impôts prélevés. Lorsque les taux d’intérêt augmentèrent à nouveau, le gouvernement se trouva dans une situation où la majorité de ses revenus liés aux prélèvement des impôts allèrent au paiement des intérêts de la dette uniquement et pas au remboursement du capital emprunté.

Lorsque le gouvernement emprunte pour payer les intérêts de sa dette, on atteint un autre sommet. Le gouvernement peut alors n’avoir aucune marge de manoeuvre et courir vers sa perte.

En principe, un montant insoutenable de dette publique devrait n’être le souci que des autorités publiques et de leurs créditeurs. Mais les autorités sont en situation de prélever l’impôt sur les citoyens et les entreprises, ou en situation de jouer sur le taux de change de la monnaie en ayant recours à de l’assouplissement quantitatif. La dette publique, indirectement, devient le fardeau de tout le monde.

Les conséquences de ceci sont assez effrayantes mais il est difficile de faire de prévision datées et de prévoir à l’avance. Peut être que les autorités peuvent encore emprunter des sommes que personne jusque là ne pense envisageable.

Article de vulgarisation sur le QE

La BCE a mis jeudi 22 janvier en émoi nombre d’économistes en recourant au “Quantitative easing” (QE) : elle va acheter des titres de dettes d’Etat, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois, entre mars 2015 et septembre 2016. Avant elle, les banques centrales américaine, britannique, japonaise ont utilisé cette méthode. Pourtant, cette décision est considérée par nombre de commentateurs comme extrêmement “aventureuse”.

# Le QE, qu’est-ce que c’est ?

Le QE, ou quantitative easing, est le fait, pour une banque centrale, d’acheter des actifs (en général des titres) avec de la monnaie qu’elle crée.

C’est donc un outil permettant d’injecter de l’argent dans les circuits de l’économie, avec l’espoir de la faire repartir.

On dit que la Banque centrale “fait tourner la planche à billet” ce qui est évidemment  une métaphore : il n’y a ni planche, ni billets,  juste un jeu d’écriture. La Banque centrale écrira dans ces registres la somme d’argent utilisée pour acheter les titres, et le tour sera joué.

# Pourquoi le QE est considéré comme exceptionnel ?

Normalement, quand une banque centrale veut attiser l’économie, elle ne recourt pas au QE. Elle se contente de prêter à très court terme un peu plus d’argent que d’habitude aux banques, afin de faire baisser les taux d’intérêt. Ces baisses de taux sont répercutées par les banques sur leurs clients, ce qui favorise les demandes d’emprunts. L’activité est ainsi attisée.

Lorsque les taux d’intérêts à court terme approchent de zéro, cet outil “conventionnel” ne fonctionne plus. Il faut donc trouver autre chose. Les banques ont recours à des outils moins orthodoxes (on dit : “non conventionnels”), à commencer par le QE.

Pour une banque centrale, le QE consiste à créer de la monnaie non plus pour financer l’activité de prêt des banques, mais pour acheter directement des titres sur le marché. De quels titres parle-t-on ? En général,  d'”obligations d’Etat” : des titres qui représentent une créance sur tel ou tel Etat et qui s’échangent sur le marché, de main en main, parfois depuis longtemps.

# Le QE permet-il de réduire la dette des Etats ?

C’est abusivement que l’on dit que BCE va “acheter de la dette”. Quand la Banque centrale achète ces obligations, initialement émises par les Etats, elle ne réduit pas les dettes publiques. L’argent qu’elle a créé ne va pas aux Etats : il  va aux détenteurs des titres, qui peuvent être des épargnants, des Sicav, des compagnies d’assurance, des banques, etc.

Comme quand vous achetez une Renault d’occasion : ce n’est pas Renault qui en profite, c’est le type qui vous la vend.

Ceux qui vendent ces obligations à la banque centrale reçoivent une somme d’argent qu’ils dépenseront ou qu’ils investiront : ce sont ces actes-là qui soutiendront (théoriquement) l’activité.

# Pourquoi la BCE pense-t-elle que le QE sera bon pour l’économie ?

L’objectif, c’est que ces investisseurs qui revendent à la BCE leurs titres seront poussés à faire des prêts ou des placements plus risqués. Les  obligations deviennent en effet moins intéressantes. Pourquoi ?

  • 1) La BCE achète donc des obligations.
  • 2) La demande de ce genre de titres augmente.
  • 3) Leur prix monte donc.
  • 4) Si le prix des obligations monte, leur rendement baisse.

Vous ne comprenez pas le point 4 ? Il faut alors se concentrer une minute, le temps de lire les trois paragraphes suivants.

Prenons l’exemple d’un Etat qui emprunte 100 euros (il n’est pas très gourmand, ok) qu’il promet de rémunérer à 3% par an. Cet emprunt prend la forme d’une émission de 10 obligations à 10 euros, qui sont ensuite librement négociées sur le marché.

Si la BCE achète ces obligations, la demande augmente, leur prix grimpe : c’est le résultat d’une bête loi de l’offre et de la demande. Par exemple, elles passent de 10 à 12 euros.

Le taux d’intérêt est toujours de 3%, mais pour calculer le rendement du titre, il faut désormais le rapporter à 12 euros au lieu des 10 euros de départ. Le rendement est donc passé de 3% à 2,5%.

On constate donc que le fait d’acheter massivement des obligations fait baisser leur rendement. Les investisseurs sont donc poussés vers d’autres type de produits que ces titres obligataires qui rapportent moins : les banques vont plutôt prêter l’argent à des entreprises ou à des particuliers, les autres vont s’intéresser à des investissements plus risqués, dans des start up, dans des des PME…

Autre avantage : la baisse des rendements obligataires, par effet de contagion, entraine une baisse des taux des prêts bancaires accordés. Là encore, ce sont des vitamines supplémentaires pour l’économie.

# Que fait la banque centrale des actifs achetés ?

Tant qu’elle en a la propriété, la banque centrale qui se livre à une opération de QE touche les intérêts versés sur les obligations d’Etat qu’elle achète. Ce qui ne manque pas de piquant : le serpent se mord un peu la queue.

Théoriquement, quand l’économie va mieux, la banque centrale revend les titres qu’elle a achetés. On dit qu’elle “stérilise l’opération” : elle détruit la monnaie qu’elle a créé temporairement, ce qui permettra d’éviter une poussée d’inflation.

Posséder des titres comporte un risque : celui de voir leur cours s’effondrer. Dans le cas qui nous occupe – le programme annoncé jeudi -, le risque a été “mutualisé” à hauteur de seulement 20% : c’est la BCE qui porte cette part du risque. Mais 80% des titres (et donc des risques) seront logés dans les comptes des banques centrales de chaque Etat (en France : la Banque de France).  Concrètement, chaque banque achètera des obligations de son gouvernement… La solidarité européenne ne portera donc que sur 20% du programme !

# Y-a-t-il un risque inflationniste ?

Si trop de monnaie circule par rapport à l’activité économique, l’inflation a tendance à pointer son nez.

Ce risque n’inquiète pas grand monde pour le moment : la zone euro est aujourd’hui menacée par la déflation (ce qui serait pour le coup  un vrai cauchemar), et non par l’inflation.

Un peu d’inflation ne nuit pas. Elle permettrait l’érosion douce des dettes, la poursuite de la baisse de l’euro (et donc un coup de pouce aux exportations), et certains ajustements (la gestion des salaires dans les entreprises, par exemple).

Ce que craignent les économistes anti-QE (et on en rencontre beaucoup en Allemagne), c’est que l’inflation s’emballe et fausse les calculs économiques.

# Pourquoi l’inflation serait-elle mauvaise pour l’économie ?

La réponse à cette question est loin d’aller de soi. Imaginez que l’on multiplie par 100 tous les prix, tous les salaires, et la masse monétaire en circulation. Ce serait une simple convention, qui n’aurait aucune incidence pour l’économie (la France avait d’ailleurs réalisé l’opération inverse en 1958, en créant le franc “lourd”).

Mais l’inflation n’est pas une simple convention orchestrée à l’avance. C’est un phénomène avec des gagnants et des perdants, où chacun – entreprise, salarié, épargnant, fournisseur – essaye de tirer son épingle du jeu, d’éviter de prendre du retard. Et ce phénomène a toujours tendance à s’emballer. Tôt ou tard, la banque centrale ou le gouvernement doit intervenir pour stopper cet emballement, par des hausses de taux d’intérêt douloureuses pour l’économie et/ou une politique d’austérité.

Le coût principal de l’inflation, c’est ce probable retour de bâton, qui fait chuter la croissance.

L’autre coût, c’est la déformation de la structure des prix relatifs. Les prix évoluent les uns par rapport aux autres. Si leur évolution est imprévisible, les entreprises prennent de mauvaises décisions. Ils renoncent par exemple à des projets d’investissements qui deviennent trop risqués.

Mais on n’en est pas là. Pour la BCE, l’urgence, n’en déplaise aux anti-QE, est de casser la spirale qui entraîne actuellement la zone euro vers la déflation.

La déflation (vulgarisation du nouvel observateur)

Pourquoi la déflation est un cauchemar (et autres questions)

Les prix en janvier ont baissé de 0,4% par rapport au même mois de 2014. Et le gros mot en “D” revient dans le débat…

La déflation est-elle à nos portes ? (Photo d'illustration) (Photo Flicker : Polycart) La déflation est-elle à nos portes ? 

Les prix ont reculé de 1% en janvier (effet soldes), mais aussi de 0,4% sur un an, indique l’Insee ce jeudi 19 février. La déflation tant redoutée ? L’Insee n’emploie pas ce gros mot, ses responsables se contentant de constater une “inflation négative”. Dans une note publiée en décembre, deux économistes de l’institut de statistiques, Aurélien Fortin et Kevin Milin, prennent bien soin de souligner que les deux ne sont pas synonymes. L’inflation négative, c’est une préoccupation qui peut n’être que passagère ; la déflation, c’est un cauchemar absolu qui s’auto-entretient.

Pourquoi craint-on tant la déflation ?

On a tendance à penser que la déflation (une baisse des prix et des salaires généralisée) est l’inverse de l’inflation (une hausse des prix et des salaires généralisée). Mais les conséquences de l’une et de l’autre sont sans commune mesure.

L’inflation, finalement, n’est pas quelque chose de si grave : c’est un phénomène qui complique les anticipations (et donc les prises de décision) et qui, lorsqu’elle s’emballe parfois, doit être stoppée par un douloureux plan de rigueur.

La déflation, en comparaison, c’est l’armageddon de l’économie : une spirale infernale, ou plutôt un système de trois spirales infernales, qui entraine tout le monde vers le bas.

1 – La baisse des prix entraîne le report des achats (car on parie sur le fait que demain, tout sera moins cher), ce qui entraîne la baisse de la demande, ce qui entraîne la baisse des prix…
2 – La baisse des prix entraîne la baisse des marges des entreprises, ce qui entraîne la baisse des salaires et des investissements, ce qui entraîne la baisse de la demande, ce qui entraîne la baisse des prix…
3 – La baisse des prix entraîne la baisse des marges des entreprises et des salaires, ce qui entraîne des difficultés pour rembourser les dettes des entreprises ou des ménages (le poids des dettes, comparé aux revenus, grossit mécaniquement) ce qui pèse sur la demande, ce qui alimente la baisse des prix (a contrario, l’inflation est une bonne nouvelle pour les débiteurs).

Les spirales de la déflation

Pourquoi l’Insee ne s’affole pas (encore) ?

Tant que l’inflation “sous jacente” reste stable, les statisticiens restent calmes. C’est le cas aujourd’hui. L’inflation “sous-jacente”, dans le jargon de l’Insee, c’est celle qui ne prend pas en compte les produits volatils (à commencer par le pétrole) et les tarifs publics. Elle n’est censée mesurer que la dynamique “normale” des prix de marché, donc. Elle était en janvier positive, de 0,2% sur un an.

La situation actuelle n’en est pas moins alarmante. Si l’on regarde la courbe des prix depuis 2012, elle ne fait que baisser et même les conjoncturistes l’Insee n’excluent pas le passage de la gentille “inflation négative” à la méchante “déflation”. Ce qui déclencherait ce passage, c’est un recul des salaires.  Inimaginable ? Pas pour les deux économistes de l’Insee :

À plus long terme, si les prix baissaient durablement, il ne peut toutefois être exclu que certains épisodes de baisses de salaires nominaux, comme l’a récemment connu l’Espagne, concernent également d’autres pays de la zone euro”.

Qui est responsable de la situation ?

L'inflation dans la zone euro jusqu'en novembre 2014

Quels pays connaissent aujourd’hui des symptômes déflationnistes ? Ceux de la zone euro. Il est légitime d’en conclure que les politiques économiques qui y ont été menées sont erronées.

Ces pays, à commencer par l’Allemagne et la France, ont sous-estimé l’effet des coupes budgétaires sur l’activité et l’emploi. Ils ont même encouragé les baisses de rémunération des fonctionnaires dans les pays les plus touchés par la crise : on ne peut imaginer plus efficace pour nourrir la déflation.

Dès 2010, le FMI les a mis en garde contre l’austérité généralisée à tous les pays de la zone. La prise de conscience des dangers n’a cependant eu lieu que très tardivement. Des mesures ont été annoncées ou prises pour éviter l’accident : le plan d’investissement de la commission Junker, la mise en place de politiques monétaires “non conventionnelles” par la Banque centrale européenne (le fameux “quantitative easing”), l’instauration d’un Smic en Allemagne… Trop tard ?

Les sables mouvants

Agir pour prévenir la déflation est possible : les Etats, se substituant à une demande privée défaillante, peuvent se charger de soutenir l’économie. Mais il ne faut pas tarder, car lorsque la déflation s’est installée, même les mesures de relance n’ont plus d’effet. Elle est comme les sables mouvants : si on y entre, difficile d’en sortir.

La France est déjà tombée dans ce piège dans les années 30, avec les conséquences politiques que l’on sait. Le Japon a lui aussi découvert la déflation dans les années 1990 : l’économie nippone, florissante dans les année 80, a été cassée net, et le pays a toujours du mal à s’en remettre.

Est-on déjà ans cette situation ? Difficile de le savoir encore. La zone euro connaît depuis maintenant deux mois des taux d’inflation négatifs et les salaires ont baissé dans plusieurs de ses pays. En France, ce n’est pas encore le cas, mais les pressions sur les salaires sont très fortes ; et le taux d’endettement des ménages ne cesse de grimper, il dépasse 80% des revenus.

La note des deux économistes de l’Insee, Aurélien Fortin et Kevin Milin se termine par un gros point d’interrogation, assez angoissant :

…Compte tenu des incertitudes qui pèsent sur l’évolution des prix du pétrole, la croissance économique en zone euro et les marges des entreprises, le risque que l’inflation sous-jacente devienne négative au cours du premier semestre 2015 est aujourd’hui réel. Le risque qu’un tel épisode de baisse des prix débouche sur une spirale déflationniste par la dette, comme au Japon à la fin des années 1990, est difficilement anticipable, faute d’indicateur permettant de prédire cet enclenchement.”

natixis

Actionnaire de natixis, il est possible que la mise en vente de l’action à 19,5 euros auprès des particuliers et des salariés du groupe BPCE ait été souhaitée pour amortir le coût des pertes colossales à venir de la société suite à la crise des subprimes.

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De source Wikipédia :

Affectée par ses choix de gestion, notamment durant la crise des subprimes, l’action Natixis a en moins de deux ans perdu près de 95 % de sa valeur, en passant sous le seuil de 1 euro en mars 2009, stabilisée autour de 3,5 € en 20107.

Entre autres exemples, Natixis avait choisi d’être actionnaire de CIFG, société créée en mai 2002 dans l’État de New-York, mais qui a depuis son siège aux Bermudes. CIFG est l’un des huit premiers rehausseurs de crédit (monolines) aux États-Unis, chargés de transformer les créances hypothécaires risquées (les subprimes) en placements recevant la meilleure notation financière, soit AAA. Les deux maisons-mères de Natixis, le Groupe Caisse d’Épargne et le Groupe Banque populaire, ont été contraintes de racheter CIFG le 20 novembre 2007 et de le recapitaliser de 1,5 milliard d’euros. L’encours de CIFG a été chiffré à 70 milliards d’euros par Nicolas Merindol, directeur des Caisses d’Épargne, lors d’une audition officielle8.

Natixis avoue également faire partie des banques touchées par l’escroquerie de Bernard Madoff9.

Juste avant l’annonce des pertes (!!!, ndlr), du 4 au 18 septembre 2008, la mise sur le marché de 1,7 milliard de titres a permis une augmentation de capital de 3,7 milliards d’euros10, ce qui porte le nombre total d’actions à 2,9 milliards. Néanmoins, avec un cours de 2,55 € au moment de l’annonce, la capitalisation totale espérée n’est plus que de 7,4 G€.

Le 29 septembre 2008 à 15 h 50, prise dans ses erreurs de gestion à la suite de la crise des « subprimes », la valeur de l’action atteint un plus bas à 1,75 € soit une perte de 91,04 % par rapport à sa valeur d’introduction11.

Le vendredi noir du 24 octobre 2008, l’action atteint brièvement un nouveau plus bas à 1,24 €, valeur qu’elle retrouve en décembre 2008 après l’annonce de provisions d’un montant de 450 millions d’euros à la suite de l’affaire Madoff9.

Pourquoi si peu de reprise économique dans la zone euro d’après Christine Lagarde ?

Bonjour à tous,

Je viens de regarder pour la première fois la vidéo d’une interview sur euronews datant du 21 janvier 2015 de Christine Lagarde, présidente du FMI.

A la question suivante : pourquoi n’y a t’il pas de reprise économique plus importante dans la zone euro, la réponse apportée est la suivante….

“Vous savez, les effets combinés de la lente et graduelle recapitalisation (des banques dans la version anglaise de l’interview) et d’une inflation basse … ont pour effet de limiter les potentiels de reprise économique.

Je vais m’attacher à expliquer cette lente et graduelle recapitalisation bancaire. Qu’entends t on par recapitalisation ? Grâce au suivi attentif des cours de Khan academy sur les bilans des banques, mais aussi à mes lectures personnelles je peux facilement comprendre et expliquer ce que l’on entend par recapitalisation. Il s’agit tout simplement de la restauration d’un rapport acceptable entre les fonds propres (equity) et l’ensemble des actifs (assets) et passifs des banques (liabilities). En fait la différence repose dans les prêts que les banques peuvent accorder aux autres agents économiques en recourant au processus de création monétaire visible dans tout système bancaire reposant sur les réserves fractionnelles. Là encore, je me rappelle les propos de DSK sur CNN au sujet des banques européennes “malades” et qui n’auraient pas mené à bien leur purge. Ce ratio fonds propres et monnaie créée est appelé leverage en anglais. Il est normalement encadré au niveau mondial par les réglementations du comité de bâle. Bâle 1, bâle 2, bâle 3. Par recapitalisation la directrice du FMI parle d’un effort des banques de la zone euro à retrouver des fonds propres suffisants, cet effort se fait au détriment des activités de prêts des banques aux agents économiques. Pour prendre la comparaison avec un particulier, les banques épargnent au lieu de dépenser, c’est à dire de prêter aux ménages, aux entreprises, ce qui nécessairement a un effet négatif sur la croissance et l’inflation vu que le financement de l’économie, et des projets porteur de production et valeur ajoutés sont leur rôle, tout au moins en partie.

Voici la vidéo :