Des milliards de dette séduisent à des taux négatifs

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J’ai déjà beaucoup publié sur les obligations d’Etat à taux négatif mais je me sens obligé de continuer. A l’occasion de la lecture du Monde, supplément économie daté du 10 juin 2016, j’ai remarqué les explications de la journaliste Marie Charrel sur cette tendance dans l’article suivant “La zone euro s’enfonce dans les taux négatifs” en une et la suite “des milliards de dette séduisent à des taux négatifs”… en page 5 du supplément. Voici ci-dessous un extrait évocateur sur les mécanismes inhérents à ces développements :

“Depuis quelques mois, les Etats de la zone euro ont diminué leurs émissions de nouvelles dettes. comme ils ont réduit leurs déficits publics, ils ont moins besoin d’emprunter… Résultat : il n’y a plus assez d’obligations souveraines pour tout le monde. Investisseurs et BCE se les arrachent, ce qui fait grimper les prix – et donc baisser leur taux puisque les deux évoluent de manière inverse. […] incriminer les seuls instituts monétaires serait pourtant mal comprendre ce qui est en jeu. L’écart entre l’offre et la demande de dette est surtout la conséquence d’un autre déséquilibre majeur. “Le monde souffre d’un déficit d’investissement et d’un excès d’épargne” expliquent Anton Brender et Florence Pisani, économistes chez Candriam. L’épargne ne sait plus où se placer! Voilà pourquoi, aujourd’hui on envisage même de payer les emprunteurs susceptibles de l’absorber : c’est ce que les taux négatifs traduisent, et les banques centrales ne font qu’accentuer le phénomène [avec leur assouplissement quantitatif].”

Là encore, vous noterez une référence à ce que l’économiste, Martin Wolf, dénomme le fameux “saving glut” dans son dernier ouvrage “the shift and the shock”.

Rise in negative-yielding sovereign paper fuelled by central bank stimulus

I can’t help quoting this article from the Financial times, which was published in a copy of the daily magazine on June 5-6 2016.

Je ne peux pas m’empêcher de citer cet article du Financial times, qui fut publié dans une copie du quotidien du 5-6 juin 2016.

Financial-Times-logo

It deals with the fuelling amount of sovereign debts which has a negative yield, which means an interest rate or yield below zero. With negative yield, investors are paying to keep sovereign bond on their book every year instead of getting an investment return. And States are being paid to borrow money on financial markets. This is a new trend which has been fuelled by central banks quantitative easing recently. Normally quantitative easing is believed to force banks to make loans to the economy. Banks owns the right to deal (sell and buy) sovereign bonds, if the ECB or the FED are buying it, they get a lot of liquidity and are normally encouraged to make more loans, which has the indirect effect to boost consumption and investment, and eventually inflation.

Cet article traite de la quantité croissante des dettes souveraines donnant lieu à un taux d’intérêt négatif.

But, in my opinion, instead of fuelling consumption and investment to get growth and inflation, QE (Quantative Easing) has an effect on the yield of government bonds, and that’s all.

De mon point de vue, plutôt que de consolider et propulser l’investissement et la consommation afin d’obtenir de la croissance et de l’inflation, l’assouplissement quantitatif se réduit à un effet sur le taux d’intérêt des obligations d’Etat, et c’est tout.

According to the FT, negative-yielding government debt has risen above $10tn for the first time, enveloping an increasingly large part of financial markets.

D’après le FT, les obligations souveraines avec un taux d’intérêt négatif ont pour la première fois atteint un montant de 10 000 milliards de dollars américains, en enveloppant une part croissante des marchés financiers.

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D’après une lecture récente du monde économie, il apparaît évident que le problème global rencontré dans le monde entier concerne en fait un manque d’investissement du fait d’une vision négative et pessimiste des perspectives de croissance, tant dans les pays riches que dans les pays en développement, et un excès d’épargne, de liquidité en circulation dans le marché financier. Bien entendu l’élargissement constant du bilan des banques centrales avec les programmes d’assouplissement quantitatif ajoute à ce problème. A cet effet, je vous invite à lire le dernier livre de Patrick Artus “la folie des banques centrales”.

Taux allemands pour les obligations d’Etat

Name Yield Prev. High Low Chg. Chg. % Time
  Germany 1M -0.570 -0.540 -0.530 -0.690 -0.030 -5.54% 07:33:50  
  Germany 3M -0.599 -0.554 -0.550 -0.603 -0.045 -8.12% 07:32:45  
  Germany 6M -0.582 -0.579 -0.579 -0.586 0.000 0.00% 06:46:49  
  Germany 9M -0.569 -0.542 -0.569 -0.569 0.000 0.00% 06:28:47  
  Germany 1Y -0.541 -0.537 -0.540 -0.542 -0.004 -0.74% 07:33:50  
  Germany 2Y -0.592 -0.577 -0.577 -0.598 -0.015 -2.60% 07:12:23  
  Germany 3Y -0.571 -0.572 -0.567 -0.585 +0.001 +0.17% 07:35:28  
  Germany 4Y -0.547 -0.546 -0.542 -0.560 -0.001 -0.13% 07:35:51  
  Germany 5Y -0.485 -0.483 -0.478 -0.495 -0.002 -0.41% 07:35:56  
  Germany 6Y -0.407 -0.401 -0.401 -0.417 -0.006 -1.52% 07:35:50  
  Germany 7Y -0.341 -0.338 -0.339 -0.354 -0.003 -0.95% 07:35:49  
  Germany 8Y -0.247 -0.242 -0.244 -0.262 -0.005 -2.11% 07:35:53  
  Germany 9Y -0.088 -0.084 -0.083 -0.104 -0.004 -4.52% 07:35:55  
  Germany 10Y -0.019 -0.014 -0.015 -0.035 -0.005 -37.14% 07:36:02  
  Germany 15Y 0.145 0.159 0.150 0.128 -0.014 -9.06% 07:36:00  
  Germany 20Y 0.351 0.371 0.360 0.335 -0.020 -5.28% 07:36:02  
  Germany 30Y 0.515 0.541 0.531 0.501 -0.026 -4.82% 07:36:01  

Pas d’argent, pas d’argent, on a peur de la dette mais les investisseurs paient pour prêter à l’Etat français ! Tx d’intérêt négatifs

Name Yield Prev. High Low Chg. Chg. % Time
  France 1M -0.512 -0.512 -0.380 -0.540 0.000 0.00% 19:23:24  
  France 3M -0.478 -0.443 -0.403 -0.491 -0.035 -7.90% 19:23:24  
  France 6M -0.483 -0.491 -0.458 -0.499 +0.008 +1.63% 19:23:24  
  France 9M -0.494 -0.494 -0.491 -0.500 +0.002 +0.02% 19:23:24  
  France 1Y -0.474 -0.483 -0.427 -0.489 +0.009 +1.86% 19:23:24  
  France 2Y -0.462 -0.484 -0.451 -0.486 +0.022 +4.46% 19:23:24  
  France 3Y -0.391 -0.401 -0.379 -0.403 +0.009 +2.39% 19:23:24  
  France 4Y -0.329 -0.333 -0.308 -0.335 +0.005 +1.29% 19:30:04  
  France 5Y -0.194 -0.199 -0.177 -0.202 +0.005 +2.56% 19:23:24  
  France 6Y -0.140 -0.139 -0.118 -0.147 -0.001 -0.50% 19:30:04  
  France 7Y -0.014 -0.013 0.011 -0.019 -0.001 -6.15% 19:25:50  
  France 8Y 0.097 0.095 0.128 0.091 +0.002 +2.53% 19:27:50  
  France 9Y 0.262 0.256 0.300 0.255 +0.006 +2.19% 19:23:24  
  France 10Y 0.402 0.398 0.446 0.396 +0.004 +1.08% 19:23:23  
  France 15Y 0.752 0.752 0.793 0.740 -0.001 -0.07% 19:30:04  
  France 20Y 1.016 1.020 1.058 1.010 -0.004 -0.37% 19:23:24  
  France 30Y 1.198 1.196 1.245 1.189 +0.002 +0.17% 19:30:05  
  France 50Y 1.561 1.552 1.601 1.547 +0.009 +0.59% 19:23:24  
Consulté le 15/06/2016 à 21h44

Un levier de 400/1 sur les marchés de devises / a leverage of 400 to 1 for currency markets

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A l’occasion de la lecture du quotidien “Le Monde”, dans l’article du mercredi 15 juin 2016 “Face au risque de sortie de l’UE, la City retient son souffle”, je me dois de publier au sujet d’une remarque du journaliste économique Eric Albert concernant un niveau inattendu de levier, niveau dont j’ignorais l’amplitude sur le marché des devises : “En tant normal, PhillipCapital, un groupe singapourien, permet à ses clients d’emprunter jusqu’à 400 fois leur mise de départ (levier ou leverage [en anglais] de 400/1) pour jouer sur les marchés” !

Pour bien saisir le mécanisme du levier ou leverage en anglais, je vous invite à lire l’ouvrage “the new clothes of the banker”, ouvrage de vulgarisation particulièrement saisissant et pédagogique sur la question (en anglais uniquement, à ma connaissance, pas encore de traduction en français), ouvrage également abordé ici. Grosso modo, plus le niveau d’endettement est important (mise de départ supérieure aux fonds propres et augmentée par un recours au crédit soit 30/1, 400/1, plus les gains mais aussi les pertes sont importants. Moins le niveau d’endettement est important, et plus les fonds propres sont importants dans la mise (jusqu’à l’égalité 1/1, levier 0 pour un investisseur ne recourant pas à la dette et ne spéculant qu’avec de l’argent qu’il possède) ou simplement 2/1 ou 3/1, et plus les gains ou pertes se rapprochent des cours réels et sont représentatifs de la réalité du marché. Bien entendu, tout dépend des taux d’intérêt, yield, des sommes empruntées par rapport au rendement réel et de la différence entre les deux.

Ce mécanisme de levier est bien entendu à relier avec la composition des bilans des banques et leur répartition entre assets/equities/liabilities.